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Raoul Girardet : historien de ses propres passions
dimanche 6 juillet 2014, par
Extraits de l’article de G. Gros, « Raoul Girardet (1917-2013) : historien de ses propres passions », Cahier d’histoire d’immédiate, n° 45, 2014, pp. 199-217. [1]
La mort, le 18 septembre 2013, de l’historien du nationalisme et de l’idée coloniale, Raoul Girardet a suscité de très nombreux hommages dans la presse quotidienne et hebdomadaire [2] bien au-delà du seul milieu universitaire témoignant de la notoriété de celui qui, professeur à l’Institut d’études politique de Paris pendant 30 ans, influença plusieurs générations de nos élites politiques parmi lesquelles Jean-Pierre Chevènement [3], Jacques Attali ou Laurent Fabius.
Auteur de plusieurs ouvrages importants régulièrement réédités parmi lesquels on peut citer La société militaire dans la France contemporaine (1953) , Le nationalisme français (1966), L’idée coloniale en France (1973) ou encore Mythes et Mythologies politiques (1986), Raoul Girardet a été également un spécialiste des questions militaire et de défense dont témoignent entre autres l’ouvrage pionnier intitulé La Crise militaire française (1945-1962) ou son classique Problèmes militaires et stratégiques contemporains chez Dalloz en 1989. Professeur, on l’a dit, à l’IEP de Paris, il a également enseigné à l’École nationale d’administration, à l’École spéciale militaire de Saint-Cyr ainsi qu’à Polytechnique. Assumant des responsabilités au Centre d’analyse sur la sécurité européenne et au Collège interarmées de Défense, Raoul Girardet était également membre de l’Académie des sciences d’outre-mer depuis 1974. Enfin, et sans être exhaustif, il fut aussi chargé de cours à l’École nationale des Chartes de 1984 à 1991 où il délivra un enseignement autour de la critique de l’image documentaire.
Cependant, à côté d’une carrière très institutionnelle, l’historien emprunta, au cours de son existence des chemins plus buissonniers : de l’Action française dans sa jeunesse au combat en faveur de l’Algérie française en passant par la Résistance et un compagnonnage avec les « Hussards », l’historien vécut pleinement, le plus souvent dans des journaux engagés, ses passions politiques. Au point que celles-ci déterminèrent, au fil du temps, ses sujets d’étude. S’il ne s’agit pas de réduire son œuvre et sa vie à la seule politique, nul doute que sa façon de vivre son nationalisme qui ne se réduit pas à l’hexagone irrigue son œuvre d’historien de la société militaire au fait colonial en passant par l’imaginaire politique comme le suggère Olivier Dumoulin : « De la Résistance à l’Algérie française, la seule clé des engagements de Raoul Girardet tient au fait national, à ses formes, et toute son œuvre d’historien transmute en objet sa passion de citoyen. » [4]
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L’ombre de la guerre et l’héritage politique
A l’origine de la vocation d’historien de Raoul Girardet qui se nourrit d’un rapport existentiel à l’histoire pèse fortement le souvenir de la Grande Guerre dans une famille d’officiers. C’est un sujet sur lequel il s’est souvent exprimé au détour de ses articles dans des journaux, dans son ouvrage d’entretien, bien-sûr avec Pierre Assouline [5] et notamment dans une très belle contribution, « L’ombre de la guerre » [6] dans l’ouvrage collectif Essais d’ego-histoire coordonné par Pierre Nora.
Fils, petit-fils, neveu et cousin d’officiers de carrière, Raoul Girardet dans son enfance, a été façonné par la mémoire de la guerre des tranchées. Sur le bureau de son père, à la maison, figurait la photo de l’oncle tué à la tête de sa compagnie en septembre 1914. Philippe Ariès qui fréquente la famille Girardet, au milieu des années dresse un portrait très affectueux du père de son ami :
« Nous n’oublierons jamais ce vieil officier un peu énigmatique, très discret sur lui-même, grand blessé de la guerre de 14, militaire convaincu, mais suspect à ses pairs pour un mélange impardonnable d’héroïsme, de lucidité et d’implacable franchise. » [7]
Comme nombre d’enfants de sa génération, le jeune Girardet apprend à lire en feuilletant de vieux numéros de l’Illustration rêvant sur « ces hommes casqués de fer, enveloppés de lourdes capotes » [8].
L’école communale, celle de la rue Levert, dans le XXe arrondissement, qu’il évoque très souvent avec nostalgie, vient conforter ce légendaire collectif mâtiné d’une culture républicaine vécue de manière tout aussi charnelle. Du culte des souvenirs de la Guerre, fussent-ils oppressants, de son éducation familiale, de l’école des hussards noirs de la République et enfin, de l’église Saint Baptiste de Belleville, Raoul Girardet dit avoir reçu « un système de valeurs, qu’il faut bien appeler civiques et morales » qui conditionne son rapport à la politique au sens noble. Comme dans de nombreux récits de jeunes gens de sa génération amenés à s’engager dans les années trente, à droite, parmi lesquels l’écrivain Jacques Laurent ou l’historien Philippe Ariès, pour citer quelques uns de ses très proches amis, Raoul Girardet insiste sur le poids de l’histoire dans une perspective générationnelle :
« Fils des vainqueurs de la plus terrible des guerres, doublement héritiers et d’un prodigieux légendaire de souvenirs collectifs et des promesses toujours vivantes d’une grandeur apparemment intacte, comment dire cet orgueil qui était le nôtre ? » [9]
Alors que le grand homme à la maison est plutôt Poincaré que Maurras et que la famille de Girardet est pétrie de culture républicaine, le jeune adolescent, lycéen au début des années trente est saisi par la fièvre politique animé de la « volonté de ne pas rester en dehors des bouleversements, de participer à ses convulsions, de tenir un rôle dans ses luttes » [10]. Il vit alors sa passion, très jeune, dès le lycée, du côté de l’Action française monarchiste qui dans une phase de déclin depuis la guerre de 1914 connaît pourtant un « revival » dans le contexte de la poussée de l’antiparlementarisme des années trente notamment sur la séquence 1934-1936.
C’est au lycée Voltaire, en classe de seconde, qu’il s’initie à la doctrine de l’Action française avec la lecture de toute l’œuvre de Jacques Bainville « convaincu, écrit-il, de trouver en lui la clé de l’intelligence de l’histoire » [11].
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A l’instar d’un Philippe Ariès dont il devient l’ami d’une vie, Raoul Girardet partage la sociabilité du mouvement d’Action française alternant, dans l’Étudiant français, les articles militants et quelques contributions plus historiques à l’aune des thèses maurrassiennes. [12]
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Le traumatisme de 1940
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Mobilisé dans l’infanterie, il est incorporé dans un bataillon d’élèves aspirants à Fontenay-le-Comte où il passe l’hiver et le printemps 1939-1940. Après cette longue attente frustrante, son unité finit par se replier en Dordogne sans avoir tiré un seul coup de feu. Démobilisé à Clermont-Ferrand, il rejoint Paris. La demande d’armistice du Maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun, est selon ses propres mots, « le premier et sans doute le plus intense déchirement de ma vie » [13]. Pour Girardet, tout le légendaire de sa prime enfance s’effondre. Dans un premier temps, il se rattache à son credo politique rédigeant fin 1940 Les Documents nationalistes français puis un article dans La Revue universelle. Tout en restant proche des sociabilités maurrassiennes de la fin des années trente notamment avec le petit groupe des Cahiers de la restauration française dirigés par François Léger et où écrit Philippe Ariès et côtoyant le noyau de la revue des Cahiers français, Raoul Girardet bascule dans la Résistance version Giraud plutôt que De Gaulle.
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Le jeune homme est arrêté par la Gestapo en 1944 à Paris et accusé d’espionnage. Interné longuement à Fresnes jusqu’au mois de juillet, il est évacué ensuite vers Compiègne où il devait rejoindre Buchenwald mais son convoi est finalement arrêté à Péronne.
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La Libération tant attendue est ternie pour Girardet par l’épuration. S’il n’en conteste pas le principe, « elle était nécessaire et surtout inévitable », le résistant regrette que De Gaulle n’ait pas cherché à maîtriser davantage la situation : « La simple dignité aurait cependant voulu que la République restaurée n’imite pas Vichy (…) » [14].
L’après guerre et les tentations de l’écriture
Reçu à l’agrégation d’histoire qu’il avait commencé à préparer pendant l’occupation, Raoul Girardet enseigne dans le secondaire jusqu’en 1953. [...] Raoul Girardet retrouve une partie de la jeune droite littéraire aux côtés de François Mauriac ou Thierry Maulnier à la revue La Table Ronde qui prétend incarner le refus d’une littérature engagée représentée par sa concurrente Les Temps modernes. Comme Philippe Ariès, Raoul Girardet y livre des comptes rendus dont un sur l’Histoire des populations françaises et de leurs attitudes devant la vie (1948)
[...] dans lequel il situe son auteur dans la lignée d’un Marc Bloch ou d’un Lucien Febvre : Raoul Girardet considère d’ailleurs que le livre de Philippe Ariès a « une valeur exemplaire » : « Par l’attention passionnée qu’il apporte à atteindre l’intérieur même des structures sociales et mentales du passé, à retrouver ce qui constituait la trame même d’une vie disparue, il représente le meilleur témoignage que nous connaissions d’une attitude nouvelle de l’homme devant l’histoire. » [15]
Comme Philippe Ariès, Raoul Girardet est lecteur chez Plon et à ses heures perdues, il y est également rewriter. C’est d’ailleurs Philippe Ariès qui se voit confier, chez Plon, la direction d’une collection « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui » (1953-1961) qui lui met le pied à l’étrier en lui commandant l’écriture d’un livre qui sera La Société militaire. Une collection dont Raoul Girardet assura l’interim en 1956 quand Philippe Ariès fut gravement malade.
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Sur le point de quitter l’enseignement secondaire, son vieux maître, Pierre Renouvin, lui propose un poste d’assistant d’histoire contemporaine à la Sorbonne où il succède à Jean-Baptiste Duroselle et René Rémond avant d’entrer à l’IEP grâce à Jean Touchard.
Restaurer l’Etat et sauver l’Algérie
Alors que Raoul Girardet bifurque vers l’université, l’insurrection algérienne de 1954, ravive chez lui un rêve de grandeur et une soif de militantisme qui se confondent avec un discours contre cette IVe République illégitime à ses yeux depuis ses origines et très décriée dans les différentes publications auxquelles il collabore. S’ouvre ainsi dans l’itinéraire de l’historien réengagé une longue séquence (1954-1965) que l’on peut scinder en deux moments. Le premier est celui de l’espoir et de l’enthousiasme quand il milite pour l’Algérie française et en faveur du retour du général de Gaulle incarnant l’espoir d’un nationalisme rénové. Le second est l’histoire d’un rêve brisé quand De Gaulle fin 1960 prépare au désengagement de l’Algérie : il conduit Girardet à soutenir l’OAS.
La premier moment de l’engagement algérien se traduit essentiellement comme le raconte Raoul Girardet dans Singulièrement libre « sous la forme d’articles publiés dans La Nation française, hebdomadaire que venait de fonder Pierre Boutang, et qui s’efforçait de définir le contenu d’un maurrassisme rénové » [16].
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Pour comprendre l’ampleur de la déception que vit Girardet fin 1960, il faut insister sur l’espoir qu’il fonde dans le nouveau régime de la Ve République. Et, c’est tout à la fois en militant et en historien, qu’il définit régulièrement dans La Nation français la voie à suivre comme ici fin 1958 : « Le nationalisme français n’a plus aujourd’hui en face de lui un régime ennemi, mais un État qui porte en lui toutes les virtualités d’une renaissance. Il n’a plus à le rejeter ; il a à l’aider, à le soutenir et en fin de compte à l’animer. Il peut être, il doit être une force d’action positive, une puissance de stimulant et d’entraînement. » [17].
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L’Esprit public et l’OAS
La fin de l’année 1960 constitue donc un tournant pour Girardet et tous ceux qui refusent le nouveau discours sur l’Algérie. Certains collaborateurs de La Nation française estiment avoir été trahis par le chef de l’État et son évocation d’une probable « République algérienne » (4 novembre 1960) suivie par l’annonce du référendum sur l’autodétermination. Au sein du journal de Pierre Boutang qui suit De Gaulle par le truchement de son soutien à la ligne du Comte de Paris qui espère être un jour appelé à succéder au chef de l’Etat, éclate alors une dissidence. La bande de l’Étudiant français se scinde avec d’un côté Boutang/Ariès et de l’autre Raoul Girardet, Philippe Brissaud, François Léger notamment qui partent avec Jean Brune, Roland Laudenbach, Jules Monnerot, Philippe Héduy et Philippe Marçais fonder Esprit public qui tend à devenir une tribune de l’Organisation de l’Armée Secrète . L’ambition de cette publication dont le premier numéro est publié le 17 décembre 1960 et dans laquelle R. Girardet dit jouer un rôle de premier plan jusque fin 1962 est de lutter par tous les moyens pour le maintien de l’Algérie française : par la plume et par l’action.
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Alors que ses actions subversives n’auraient pas dépassé selon l’historien le stade des velléités dans le domaine de la collecte de l’information, il est arrêté à Marseille en septembre 1961 puis transféré à Paris, rue des Saussaies avant d’être assigné à résidence au centre de Beaujon où il retrouve pour plusieurs semaines Philippe Brissaud et Jean-Yves Alquier.
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Après sa libération, Raoul Girardet, poursuit sa collaboration à Esprit public et à Combat dont il tire, à nouveau, un ouvrage militant au cours de l’année 1962 intitulé Pour le tombeau d’un capitaine qui paraît aux éditions de l’Esprit nouveau, maison d’édition de l’Esprit Public. Découpé en sept parties, cette compilation constitue une sorte de bréviaire de l’état d’esprit de Raoul Girardet. Méditation sur une politique de l’abandon, « ce visage de la France du “dégagement” algérien » qui rappelle la dérobade de 1940, Raoul Girardet l’associe plus largement à une démission civique des élites du gaullisme : « Ainsi le grand renoncement algérien a-t-il été suivi du grand renoncement de la démocratie française. Ainsi a pu s’établir dans ce pays une sorte de fascisme du pauvre qui n’exige de ses fidèles que de croire, d’obéir et… de voter. » [18]
Historien de l’immédiat et de ses propres passions
Si Raoul Girardet ne semble pas porter dans son cœur l’histoire immédiate, il fut toutefois très tôt l’historien de sa propre passion pour reprendre les termes d’Alain-Gérard Slama à propos de L’Idée coloniale. Il le fut même sur deux plans. En tant qu’historien qui intègre sa propre aventure politique comme objet d’histoire quand il fait remonter l’histoire de l’idée coloniale par exemple jusqu’en 1962 et en tant que journaliste engagé qui n’hésite pas à reproduire certains de ses travaux d’historien dans La Nation française par exemple .
Remarquons d’abord qu’en terme de production universitaire, pendant la séquence algérienne telle que nous l’avons balisée (1954-1965) l’écriture est particulièrement dense. Elle compte, entre autres, quelques uns de ses articles les plus connus comme « Notes sur l’esprit d’un fascisme français (1934-1939) », en 1955, « L’héritage de l’Action française » (1957), écrit à chaud au moment de la création de La Nation française et utilisant de nombreuses citations d’articles récents de revues auxquelles il a lui-même collaboré. Alors qu’il publie, toujours dans la Revue française de Science politique « Autour de l’idéologie nationaliste perspective de recherche », en juin 1965, Raoul Girardet a érigé comme objet d’étude ce fait national qui nourrit sa fameuse anthologie intitulée Le Nationalisme français (1871-1914).
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Raoul Girardet, sut toujours mener de façon critique le combat du militant et le travail de l’historien tout en étant capable d’utiliser sa propre expérience politique comme matière pour l’historien comme ce fut notamment le cas pour l’ouvrage qu’il dirige intitulé La Crise militaire française (1944-1962). Paru en 1964, dans la collection des Cahiers de la fondation nationale des science politiques, la thèse de l’ouvrage a mûri au cœur de la séquence Algérie française de Raoul Girardet dont il tire, à chaud, d’ailleurs un premier jet à l’occasion d’une communication devant l’Académie des Sciences morales et politiques, en 1960, intitulée « La doctrine militaire française de la guerre subversive. »
Historien de l’imaginaire politique et des mentalités politiques
« Spectateur engagé », pour paraphraser Raoul Girardet reprenant la célèbre expression de Raymond Aron, l’historien ne le fut jamais totalement tant sa vocation d’historien, indépendamment de son engagement politique, est intimement liée à une histoire familiale qui l’engage comme il le rappelle à propos de la genèse de La société militaire : « Je ne l’aurais pas écrit si je n’avais été moi même fils et petit fils d’officiers, si je n’étais pas né dans ce milieu, et s’il n’existait pas entre ce milieu et moi de puissants liens de tenace familiarité. » [19]
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L’ouvrage remplit parfaitement le cahier des charges de la collection dirigée par Philippe Ariès, alors partisan d’une histoire des mentalités et qui loue, dans La Table Ronde, la méthode d’un ouvrage d’histoire sociale qui est à la fois « l’histoire d’une opinion et l’histoire d’une structure » [20]. Si Raoul Girardet n’obtient pas l’imprimatur des Annales qui, sous la plume de Lucien Febvre en personne, dénoncent, « une esquisse d’histoire politique rapide et peu payante » [21], on a dit plus haut que ce livre lui ouvre les portes de la Sorbonne puis des Sciences Politiques.
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Ainsi Raoul Girardet qui a creusé son sillon dès la Société militaire, avec P. Ariès, dans cette collection novatrice, « Civilisations d’hier et d’aujourd’hui » participe-t-il à ces nouvelles formes de curiosité au croisement des mentalités, de l’imaginaire et sur fond de nostalgie. De ce point de vue, L’idée coloniale en France , publiée en 1972 [22], aux éditions de la Table Ronde , parachève comme un long cycle tant sur le fond que sur la méthode.
Lui qui dans sa jeunesse a été selon ses propres termes victime « de l’envoûtement colonial et de son lyrisme » puis militant passionné de la cause de l’Algérie française entend « dépolitiser » son objet afin « de pénétrer plus avant dans l’épaisseur sociale des mentalités collectives, de tenter d’atteindre, dans la mesure du possible, un certain niveau qui est celui du vécu quotidien, des mythes et des stéréotypes, de l’affectif et de l’imaginaire, des croyances élémentaires et des fidélités passionnelles […] » [23] Cette approche ébauchée dès l’avant propos de la Société militaire devient, en 1986, l’objet d’un ouvrage méthodologique, d’ailleurs dédié à la mémoire de Philippe Ariès, Mythes et mythologies politiques dont la préface est un plaidoyer en faveur de l’imaginaire à savoir « tout ce qui échappe aux formulations démonstratives, tout ce qui sourd des profondeurs secrètes des puissances oniriques […] ».
[1] Cet article a été réduit de plus de 50% et contient dans sa version originale 62 notes infra paginales. Les images ne figurent pas dans la version papier.
[2] Cf. entre autres Philippe-Jean Catinchi, « Historien, spécialiste de l’armée, de l’idée coloniale et du sentiment national », Le Monde, 24 septembre 2013 et Jacques de Saint Victor, « Raoul Girardet, la mort d’un historien engagé », Le Figaro, 22 septembre 2013.
[3] Raoul Girardet a dirigé, en 1960, le mémoire de fin de cycle de l’IEP de Jean-Pierre Chevènement intitulé La Droite nationaliste devant l’Allemagne (156 p) disponible à la Bibliothèque de Science Po à Paris.
[4] Olivier Dumoulin, « Histoire et historiens de droite », dans Jean-François Sirinelli, Histoire des droites en France, Gallimard, t. 2, 1992, p. 376.
[5] Cf. Raoul Girardet, Singulièrement libre, entretien avec Pierre Assouline, Perrin, 1990. L’ouvrage, en outre, comporte une bibliographie organisée de ses articles publiés jusqu’en 1990.
[6] Raoul Girardet, « L’ombre de la guerre », dans Pierre Nora, Essais d’ego-histoire, Gallimard, 1987, coll. « Bibliothèque des histoires », pp. 139-171.
[7] Philippe Ariès, en collaboration avec Michel Winock, Un Historien du dimanche, Seuil, 1980, p. 65.
[8] Raoul Girardet, « L’ombre de la guerre », op. cit., p. 140.
[9] Ibid., p. 143.
[10] Ibid., p. 157.
[11] Ibid., p. 158.
[12] Cf. R. Girardet, « Louis XIV et les frontières naturelles », L’Étudiant français, 19e année,, février 1939, n° 3.
[13] R. Girardet, Singulièrement libre, op. cit., p. 51.
[14] R. Girardet, Singulièrement libre, op. cit., p. 82.
[15] R. Girardet, « Sur deux livres d’histoire », La Table Ronde, octobre 1949, p. 1604.
[16] R. Girardet, Singulièrement libre, op. cit., p. 134.
[17] Philippe Méry, « Les nouveaux devoirs du nationalisme », La Nation française, 17 décembre 1958.
[18] Raoul Girardet, Pour le tombeau d’un capitaine, L’esprit nouveau, 1962, p. 30. Cette compilation de 54 pages figure dans la bibliographie des ouvrages de R. Girardet dans Singulièrement libre.
[19] R. Girardet, Singulièrement libre, op. cit., p. 125.
[20] Philippe Ariès, « Un milieu social dans la France contemporaine : le corps des officiers », La Table Ronde, juillet 1953.
[21] Annales. Économies, Sociétés, Civilisations, 1955, volume 10, n° 1, p. 124.
[22] L’ouvrage a été réédité depuis en format poche, chez Pluriel, en 1995 et 2005, avec une annexe « Critiques et commentaires » qui reproduit les critiques de l’ouvrage à sa parution.
[23] R. Girardet, L’idée coloniale en France de 1871 à 1962, Hachette, coll. « Pluriel », 1995, p. 12.