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Newsletter, n° 6, "Philippe Ariès : un éditeur pionnier"

lundi 2 février 2015, par Guillaume Gros

Site dédié à Philippe Ariès, Newsletter, n° 6, automne-hiver 2015.

"Philippe Ariès : un éditeur pionnier"

Civilisations d’hier et d’aujourd’hui

Journaliste, responsable d’un service de documentation, historien, Philippe Ariès a été aussi au seuil des années cinquante, avant de connaître la notoriété, un éditeur innovant.
Bien avant la vague des collections de sciences humaines médiatisées des années soixante et surtout soixante-dix parmi lesquelles on peut citer “La nouvelle bibliothèque scientifique” (1962-1980) chez Flammarion de Fernand Braudel, la “Bibliothèque des histoires” de Pierre Nora (1971) ou “L’Univers historique” au Seuil, il dirige chez Plon la collection “Civilisations d’hier et d’aujourd’hui” dans laquelle furent notamment publiés Michel Foucault, Louis Chevalier, Victor-Lucien Tapié.

Philippe Ariès, alors partisan d’une “histoire des structures” souhaite concilier érudition et vulgarisation : « L’histoire a été trop longtemps restreinte à l’appareil politique des États, aux biographies des hommes politiques et des hautes personnalités. Elle doit permettre de retrouver la couleur du monde. Les phénomènes religieux, politiques, sociaux, économiques, culturels, constituent un tout inséparable : une civilisation. [...] Soucieuse de respecter la saveur du concret, elle évite l’esprit encyclopédique des histoires générales. Au tableau continu et complet, forcément superficiel et gris, elle préfère l’esquisse particulière, dont l’analyse n’a pas fané la fraîcheur. »

Une page pour tous les titres de la collection

Nous avons créé un article pour chaque titre publié à partir de 1953 en nous efforçant de reconstituer la totalité de la collection y compris dans sa matérialité : ont été privilégiées les couvertures d’origine avec la présentation de l’ouvrage par l’éditeur. Dans certains cas, l’ouvrage comporte aussi une couverture illustrée par dessus l’originale avec le logo de la collection.
Dans la mesure du possible chaque notice comporte la présentation de l’éditeur, parfois le plan de l’ouvrage, un extrait de la préface ou de l’introduction, un extrait d’un compte rendu. L’objectif étant de restituer au mieux la collection dans son temps qui publie entre autres Jean Fourcassié, P. Martin Nilsson, Gilbert-Charles Picard, André Varagnac, François Léger, T. A. Ashton, Raymond Bloch, Lewis Hanke, Emile-G. Léonard, Henri Terrasse, Roland Mousnier, Maurice Lanoire, Mortimer Wheeler, Francis Ley.

Des classiques régulièrement réédités

Outre les auteurs précédemment cités, Philippe Ariès édite un certain nombre d’ouvrages qui deviennent des classiques parmi lesquels on peut citer l’ouvrage de Louis Chevalier, Classes laborieuses et classes dangereuses à Paris (1958), celui de Michel Foucault, Folie et déraison. Histoire de la folie à l’âge classique (1961) ou encore le propre ouvrage de Philippe Ariès, l’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien régime (1960) qui est traduit très vite aux Etats-Unis où il connaît un succès rapide.

Un autre classique : La société militaire dans la France contemporaine

Alors que Philippe Ariès, malade, doit cesser toute activité professionnelle, en 1956, il confie l’intérim de la collection à son ami Raoul Girardet, "Historien de ses propres passions", auquel nous consacrons un article, restituant son itinéraire politique et intellectuel. C’est d ’ailleurs à Raoul Girardet que Philippe Ariès demande de rédiger ce qui devient le premier ouvrage de la collection, à savoir La société militaire dans la société contemporaine (1953), ouvrage régulièrement réédité et dont la préface est tout à fait dans l’esprit de la charte éditoriale :« L’histoire “science des sociétés humaines” définit Fustel, l’histoire “science du divers” précise Marc Bloch... Dans la mesure même où, à travers les générations disparues, ce sont des hommes et non des abstractions que nous nous sommes efforcés de retrouver, nous avons pu mesurer combien restent vaines toute doctrine systématique, toute spécialisation trop étroite où l’on tenterait d’enfermer l’étude du passé. »

Relire Baroque et classicisme

Parmi les titres devenus des classiques publiés par Philippe Ariès dans sa collection, figure aussi l’ouvrage de Victor-Lucien Tapié Baroque et classicisme dont les Presses Universitaires de Rennes proposent une relecture sous la direction de Hélène Rousteau-Chambon et Claire Mazel : « Ce livre neuf, porté par les renouvellements de la discipline historique et par la personnalité atypique de Victor-Lucien Tapié, fit date. L’objet du présent ouvrage est d’en restituer le contexte humain, historiographique et idéologique. »

L’aventure continue avec Robert Mandrou

Après une interruption, l’aventure éditoriale de Philippe Ariès se poursuit avec la fusion, en 1968, de sa collection avec celle de Robert Mandrou désormais intitulée “Civilisations et mentalités”.
Jusqu’en 1974, sont alors édités, Robert Mandrou, Maurice Agulhon, Régine Robin, Lucienne A. Roubin, Victor Gélu, Gérard Bouchard, Maria Czapska, Jean-Jacques Darmon, Henry Institoris et Jacques Sprenger, Joseph Macek, Michel Vovelle, Yves Castan, Louise Dechêne et enfin Arlette Farge. Deux ouvrages de la collection d’Ariès sont réédités : Baroque et classicisme de Victor-Lucien Tapié dans une version enrichie et Classes laborieuses et classes dangereuses de Louis Chevalier.

[VARIA]

Paul Veyne : souvenirs

Historien de l’Antiquité, auteur d’ouvrages importants parmi lesquels, Le Pain et le cirque (Seuil, 1976), La Société romaine (Seuil, 1991), Quand notre monde est devenu chrétien, 312-394 (Seuil), Paul Veyne est aussi féru d’épistémologie à l’image de son très beau livre Comment on écrit l’histoire (1971). Figure intellectuelle, il a été un intime de Michel Foucault auquel il a consacré plusieurs ouvrages dont Foucault : sa pensée, sa personne (Albin Michel, 2008), un proche du poète René Char et un acteur du courant des Annales.
Au début des années 70, Paul Veyne se lie avec Philippe Ariès avec lequel il contribue au volume intitulé Sexualités occidentales. Il a également dirigé le premier volume de l’Histoire de la vie privée sous la direction de Georges Duby et Philippe Ariès.

Henri Leridon : les théories de la fécondité

Sous la direction d’Henri Leridon, les éditions de l’Ined publient Les théories de la fécondité qui reprend un texte inédit de Philippe Ariès “Deux motivations successives du déclin de la fécondité en occident”, à l’origine d’une intervention lors d’un séminaire à Bad Homburg, en 1980. Dans l’introduction, H. Leridon justifie son choix : « Nous avons privilégié ici la contribution d’un historien « non académique », Philippe Ariès, dont les travaux ont fait fortement progresser l’histoire des mentalités. La courte communication reproduite ici (Ariès,1982) résume les idées de l’auteur sur l’évolution de la fécondité en Europe de l’Ouest (chapitre 9). Le régime démographique traditionnel était marqué par une stricte surveillance de la sexualité des jeunes et l’interdiction des naissances hors mariage. [...]"

Guillaume GROS

Responsable du site dédié à Philippe Ariès,

Chercheur FRAMESPA, Toulouse 2,

Pour citer cette Newsletter : « G. Gros, Newsletter, 6, “Philippe Ariès : un éditeur pionnier”, Site dédié à Philippe Ariès, http://philippe-aries.histoweb.net, automne-hiver 2015 ».