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L’Académie des sciences morales et politiques et Philippe Ariès
mardi 31 décembre 2024, par
– Dans les années 1960, Philippe Ariès dont l’Histoire des populations françaises et de leurs attitudes devant la vie (1948), Le Temps de l’Histoire (1954) et l’Enfant et la vie familiale sous l’Ancien Régime (1960) ont obtenu chacun un prix de l’Académie des sciences morales et politiques (cf. ci-dessous), déclare sur les conseils de l’historien Adrien Dansette, sa candidature, le 2 mai 1966, au siège d’académicien titulaire laissé vacant après le décès du géographe Raoul Blanchard, dans la section « Histoire et géographie ».
– Au-delà de l’échec de sa candidature, cette démarche traduit alors, chez l’historien du dimanche, qui effectue alors ses travaux de recherche en dehors de toute institution universitaire, une quête de légitimité. [1]
Le prix Gabriel Monod
– Dès 1949, l’Histoire des populations françaises obtient le prix Gabriel Monod. C’est l’historien Jacques Chastenet, au nom de la section « histoire et géographie », qui a proposé l’attribution de ce prix et qui a rédigé, en tant que rapporteur, le compte rendu de l’ouvrage, dans la Revue des travaux de l’Académie des sciences morales et politiques (séance du 20 juin 1949).
– Auteur d’une monumentale Histoire de la IIIe République, en sept volumes (1952-1963), Jacques Chastenet (1893-1978), cite, l’Histoire des populations françaises, dès sa parution, dans ses travaux historiques, notamment dans Une époque pathétique. La France de M. Fallières (Fayard, 1949) et dans son Histoire de la IIIe République. L’enfance de la IIIe 1870-1879 (Hachette, 1952).
Le prix Chaix d’Est-Ange
– En 1954, Le Temps de l’Histoire, tout à la fois essai d’historiographie et essai d’ego-histoire, paru aux éditions du Rocher (visuel ci-contre), se voit attribuer le prix Chaix-d’Est-Ange.
– L’écrivain et essayiste Daniel Halévy (1872-1962) plaide en faveur de l’historien des mentalités, en rappelant que l’Histoire des populations françaises et de leurs attitudes devant la vie avait déjà été remarquée par l’Académie des sciences morales et politiques.
Le prix de Penanrun
– Enfin, en 1960, l’Enfant et la Vie familiale sous l’Ancien Régime, obtient le prix de Penanrun. Le rapporteur est Léon Noël (1888-1987), qui a été l’un des principaux artisans du retour du Général au pouvoir et le premier président du Conseil Constitutionnel, en 1958. Selon Léon Noël, l’ouvrage « témoigne des qualités qui s’affirment, avec une autorité croissante dans les publications » de Philippe Ariès.
– Enfin, les Immortels offrirent, à Philippe Ariès, en 1966, la possibilité de rédiger sa première synthèse d’ampleur sur la mort, intitulée « Contribution à l’étude du culte des morts à l’époque contemporaine », devant les académiciens Jacques Rueff, Pierre Renouvin, Gabriel Marcel, Pierre Clarac, Gabriel Le Bras, Edmond Giscard d’Estaing.
– Cette contribution fut d’ailleurs reprise dans ce qui devait constituer, plus tard, les Essais sur l’histoire de la mort en Occident (1975), jalon décisif qui ouvre la voie à sa vaste synthèse sur l’Homme devant la mort.
[1] cf. G. Gros, Philippe Ariès, Presses universitaires du Septentrion, 2008, p. 225-230.