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Comment devient-on historien, Ariès, inédit, conférence

Comment devient-on historien ?

Une conférence de P. Ariès à Baltimore

lundi 31 octobre 2011, par Guillaume Gros


 Présentation du texte de Philippe Ariès, "Comment devient-on historien ?" reproduit dans Cahier d’histoire immédiate (n° 39, printemps, 2011, p. 15-21).

"A partir de la publication du Temps de l’histoire (1954), Philippe Ariès s’est exprimé à plusieurs reprises sur les conditions dans lesquelles est née sa vocation d’historien « non professionnel », selon ses propres termes. Au début des années soixante-dix, le professeur Orest Ranum, invite l’historien à faire état de ses recherches sur la mort, à l’Université John Hopkins. Philippe Ariès revient plusieurs fois ensuite, aux Etats-Unis, et dans le cas présent à Baltimore où il tient la conférence que nous reproduisons ici devant l’Alliance française à la fin des années soixante-dix . Nous avons établi ce document à partir du texte manuscrit du conférencier en nous efforçant de restituer le ton de la conversation qui était le sien. Les seize pages manuscrites dont quelques passages n’ont pu être déchiffrés sont disponibles dans le « Fond Ariès » (Ehess) et ont été reproduits avec l’aimable autorisation de Marie-Rose et Jacques Ariès. Le titre, les intertitres, et les notes sont de notre responsabilité. L’identification exacte du document a été possible grâce à l’aide d’Orest et de Patricia Ranum. "
Guillaume Gros

Début du texte de la conférence de Philippe Ariès

"Il y a une génération de cela, mettons avant la dernière guerre, une conférence littéraire donnait une présentation de ce qu’on appelait alors la littérature, c’est-à-dire 1) la littérature d’illusion ou d’évasion, essentiellement le roman et le théâtre, 2) la poésie, 3) la philosophie : les cours philosophiques de Bergson et de Paul Valéry remplissaient le Collège de France de gens du monde. Aujourd’hui, ce n’est plus vrai, la littérature d’évasion, le roman, et même la philosophie classique ne représentent plus qu’une partie de la littérature. Celle-ci a été envahie par des genres nouveaux qui sont les essais et qui traitent de ce qu’on appelle avec prétention « sciences de l’homme » - l’histoire en fait partie et elle redevenue, ce qu’elle était au temps de Michelet, mais avait cessé d’être au 20e siècle, un genre littéraire.

J’aurais voulu vous raconter cette histoire, cela risquerait d’être ennuyeux. Mais il y a peut-être un autre moyen. Il est aussi un genre littéraire qui se développe extraordinairement. C’est celui des « Mémoires ». Les « Mémoires » étaient autrefois réservés à ceux qui avaient vécu des choses hors du commun.
Aujourd’hui, chacun, passé un certain âge, a le sentiment que son expérience personnelle a une valeur et vaut d’être contée. D’où le succès des témoignages comme par exemple ceux de Willy de Spens ou de Simone de Beauvoir. Je vais donc combiner le goût pour l’histoire et le goût pour les mémoires et vous présenter en quelques mots les mémoires d’un historien : c’est-à-dire que nous allons nous placer au confluent : confluent d’une vie personnelle, la mienne et d’un courant d’idées, l’histoire comme on la conçoit aujourd’hui. [...]"

Intertitres :

 L’histoire est une vocation et une passion

 Tension entre l’héritage traditionaliste, politique et nietzschéen

 Des Annales aux mentalités, une tentative de dépolitiser l’histoire

 Le succès de cette nouvelle histoire


La suite du texte de la conférence de Philippe Ariès est à lire dans Cahier d’histoire immédiate , n° 39, printemps 2011.