M. Foucault, "Folie et déraison, histoire de folie à l’âge classique", 1961

Michel Foucault, Folie et déraison, histoire de folie à l’âge classique, 1961, 683 p.

Présentation de l’éditeur

« Parti d’observations sur la psychiatrie contemporaine et l’idée qu’elle se faisait de la folie, l’auteur a été amené à remonter historiquement jusqu’à la fin du Moyen Age : il a compris alors comment s’est formé au XVIIe siècle un monde concentrationnaire de la folie où le médecin n’a pénétré que très tard, et qui malgré la bonne conscience moderne dure toujours.
Ce livre est donc l’histoire des attitudes devant la folie. Le principal événement a été, vers le milieu du XVIIe siècle, le “grand renfermement” des fous confondus d’ailleurs avec le plus vaste monde de la “déraison”, c’est-à-dire de tous ceux que l’éthique classique rejetait hors de la société. L’autre grand événement a été, à la fin du XVIIIe siècle, la séparation des fous du monde de la déraison, et la naissance de l’asile moderne. Ces analyses mesurent aussi le flux et le reflux des forces obscures de la déraison, leur poussée à la fin du Moyen Age, leur éclipse à l’âge classique et depuis Diderot et Sade, leur nouvel essor.

M. Foucault, ancien élève de l’École normale supérieure, agrégé de philosophie, est aujourd’hui professeur à la Faculté des Lettres de Clermont-Ferrand. »

Plan de l’ouvrage

Première partie

Préface

– Chap I - Stultifera navis
– chap II - Le grand renfermement
– chap III - Le monde correctionnaire
– chap IV - Expériences de la folie
– chap V - Les insensés

Deuxième partie

Introduction

– chap. I - Le fou au jardin des espèces
– chap. II - La transcendance du délire
– chap. III - Figures de la folie
– chap. IV - Médecins et malades

Troisième partie

Introduction

– chap. I - La grande peur
– chap. II - Le nouveau partage
– chap. III - Du bon usage de la liberté
– chap. IV - Naissance de l’asile
– chap. V - Le cercle anthropologique

Appendices

Bibliographie

Début de la préface

« Pascal : “Les hommes sont si nécessairement fous que ce serait être fou par un autre tour de folie de n’être pas fou”. Et cet autre texte, de Dostoïewski, dans le Journal d’un écrivain : “Ce n’est pas en enfermant son voisin qu’on se convainc de son propre bon sens.”
Il faut faire l’histoire de cet autre tour de folie, - de cet autre tour par lequel les hommes, dans le geste de raison souveraine qui enferme leur voisin, communiquent et se reconnaissent à travers le langage sans merci de la non-folie ; retrouver le moment de cette conjuration, avant qu’elle n’ait été définitivement établie dans le règne de la vérité, avant qu’elle n’ait été ranimée par le lyrisme de la protestation. Tâcher de rejoindre, dans l’histoire, ce degré zéro de l’histoire de la folie, où elle est expérience indifférenciée, expérience non encore partagée du partage lui-même. Décrire, dès l’origine de sa courbure, cet “autre tour”, qui, de part et d’autre de son geste, laisse retomber, choses désormais extérieures, sourdes à tout échange, et comme mortes l’une à l’autre, la Raison et la Folie. »
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