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"Mémoires plurielles de la Haute-Garonne" et P. Ariès
samedi 25 mai 2013, par
Mémoires plurielles de la Haute-Garonne , sous la dir. de Christian Amalvi et Rémy Pech, Éditions Privat, 2011, 333 pages.
– Dans ce bel ouvrage, préfacé par Pierre Izard, Christian Amalvi, maître d’œuvre avec Rémy Pech, définit dans l’introduction son projet, « montrer la métamorphose des territoires symboliques du département en “lieux de mémoire” à part entière » dans les pas de la vaste entreprise de Pierre Nora. Parmi les supports de mémoire retenus, on trouve les statues érigées en places publiques, les plaques apposées sur des monuments liés à l’histoire départementale, les commémorations diverses « afin d’éclairer le “lien social” qui, selon Pierre Nora, unit étroitement les populations locales aux espaces qu’elles jugent emblématiques sur le plan du souvenir ».
Toulouse et la mémoire de Philippe Ariès (p. 214)
– Dans la partie « Mémoire des savoirs » (enseignement, lettres et occitan), Christian Amalvi évoquant la biographie de l’historien insiste sur son ancrage toulousain même s’il vécut essentiellement à Paris :
« En premier lieu parce que le fondateur de la lignée, Bernard Ariès, est né dans le petit village de Saman en Haute-Garonne, à la fin de l’Ancien Régime. Ensuite, parce que Philippe Ariès a épousé, le 10 avril 1947, Primerose Lascazas de Saint-Martin, issue d’une vieille famille toulousaine de médecins, eux aussi marqués par l’empreinte de l’Action française. De fait, si Toulouse fut bel et bien, entre 1870 et 1940, une des capitales de la République, il ne faut pas négliger dans ce département, ancien fief du comte de Villèle (1773-1854), chef des ultras sous la Restauration, le poids de notables qui, jusqu’au cœur du 20e siècle, vivaient la nostalgie de la monarchie chevillée au cœur. Enfin parce que, à la fin de sa vie, Philippe Ariès s’était installé à Toulouse même, rue de l’Écharpe, non loin de l’église de la Daurade, devenue sa paroisse. »
En conclusion de son portrait, Christian Amalvi estime que Philippe Ariès est désormais un authentique "historien toulousain".
Le volume est découpé en cinq grandes parties
– La première, sur les « supports de la mémoire de la Haute Garonne », évoque les archives (Jean Le Pottier), la mémoire du livre (C. Amalvi), celle des monuments aux morts et de la Grande Guerre (R. Pech), le musée de la Résistance et de la déportation (G. Agullo), la mémoire des noms des rues (F. Bordes) et le rôle des statues dans la construction de la mémoire de Toulouse (R. Pech).
– La seconde partie, intitulée « Mémoire de l’histoire » décline les grandes périodes historiques et les principaux conflits : la préhistoire (M. Barbaza), l’Antiquité (R. Sableyrolles), la période des comtes de Toulouse et de la croisade (P. Martel), la mémoire des temps modernes (D. Foucault), la mémoire espagnole avec les exilés de la guerre civile (B. Vargas), de la Seconde Guerre mondiale (P. Laborie, M. Goubet) et enfin de mai 68 (R. Pech).
– La troisième partie développe « la mémoire politique » (R. Pech) autour de la géographie de la Haute-Garonne (JL Clément), du mouvement ouvrier et syndical (R. Pech), des femmes (N. Le Pottier), de l’industrie (JM Minovez), de la conquête de l’air (JM Olivier), de l’agriculture (R. Pech), des migrations (C. Zytnicki), des Courtois (P. Cabanel), du catholicisme (JL Clément) et des Juifs (C. Zytnicki).
– La quatrième est centrée sur les savoirs avec les trois degrés de l’enseignement public (C. Amalvi), les sociétés savantes (JL Le Pottier), la mémoire de l’enseignement catholique (JL Clément), de l’occitan (P. Martel) et enfin de la mémoire littéraire (C. Amalvi).
– Enfin la dernière partie aborde les multiples facettes de la mémoire culturelle : du patrimoine (C. Amalvi), de l’architecture (O. Foucaud), de l’art à la fin du 19e siècle (F. de Vergnette), du peintre Edouard Debat-Ponsan (C. Amalvi), de l’architecture moderne (M. Duperrex), de la maison Privat (C. Amalvi), du théâtre (N. Le Pottier), de la musique (F. Brunet), du cinéma (François Amy de La Bretèque) et enfin du sport (Rémy Pech).
– Outre une très belle iconographie, le volume comporte une très riche bibliographie (pp. 305-313) ainsi que deux précieux index : un pour les noms de lieux et un autre pour les noms des personnes.