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Le Temps de l’histoire (1954)

samedi 7 novembre 2009, par Guillaume Gros

Le Rocher, 1954. Rééd. le Seuil, coll. "L’univers historique", 1986.

 Cet ouvrage de Philippe Ariès qui est à la fois un essai d’épistémologie et d’égo histoire a été publié en 1954 aux éditions du Rocher, la même année où Henri-Irénée Marrou publiait, De la connaissance historique (Seuil).
Après la guerre, et alors que son Histoire des populations françaises n’est pas encore éditée, Philippe Ariès éprouve le besoin d’expliquer son positionnement historiographique à partir d’une réflexion sur ses choix méthodologiques et politiques. Il met en relation sa culture familiale et son itinéraire politique de l’enfance à l’Occupation avec ses réflexions d’historien. Ce qui explique la composition de cet ouvrage insolite dont la rédaction des chapitres s’étale entre 1946 et 1951.

Plan de l’ouvrage

 Le premier chapitre « Un enfant découvre l’histoire » (1946) centré sur l’enfance dans une famille royaliste est entièrement autobiographique. Il y évoque son goût pour l’histoire.
Les autres chapitres autobiographiques « L’Histoire marxiste et l’histoire conservatrice » (1947), « L’engagement de l’homme moderne dans l’histoire » (1948), « L’Histoire scientifique » (1949) et « L’histoire existentielle » (1949) évoquent à la fois l’itinéraire politique de l’auteur et ses choix historiographiques. Cet ensemble rédigé entre 1946 et 1949 aurait dû probablement constituer, initialement, un ouvrage autonome intitulé L’Homme devant l’histoire [1]. De nombreuses réflexions de cette partie du Temps de l’histoire puisent dans des articles alors rédigés par Philippe Ariès dans des revues qui ont été édités, au Cerf, en 2020, dans Pages retrouvées.

 Dans ce corpus originel orienté sur la façon dont Philippe Ariès a découvert une histoire structurelle en réaction à ce qu’il nomme « l’invasion de l’histoire » et la « politisation de la vie privée », l’auteur a intercalé deux nouveaux chapitres, l’un sur l’attitude de l’homme devant l’histoire au Moyen Age (1950) et l’autre pour le XVIIIe siècle (1951). Ils nourrissent indirectement ses interrogations sur son positionnement face à sa propre relation à l’histoire.

La réédition au Seuil (1984)


 Le Temps de l’Histoire est réédité trente ans plus tard seulement au Seuil, après la mort d’Ariès. L’ouvrage est présenté par Roger Chartier dans une belle préface dans laquelle il insiste sur son caractère pionnier du point de vue de l’histoire des Annales : "(...) Le Temps de l’histoire est sans doute le premier livre écrit par un historien n’appartenant pas à l’"école" où se manifeste une compréhension aussi aiguë de la rupture représentée par les Annales, l’œuvre de Bloch et celle de Febvre [...]".

Aux origines du temps de l’histoire dans Pages retrouvées (Cerf, 2020)

Pour comprendre comment Philippe Ariès a mûri Le Temps de l’histoire, consultez l’article de notre site sur Pages retrouvées, recueil d’articles inédits de Philippe Ariès dont certains ont constitué la matrice du Temps de l’histoire.


[1Cet ouvrage est annoncé dans l’édition originale de l’Histoire des populations françaises comme devant paraître aux éditions Self