Accueil > Travaux et études > Réception de l’œuvre de Philippe Ariès > La revue "Autrement" et la question de l’enfant

La revue "Autrement" et la question de l’enfant

dimanche 20 juillet 2008, par Guillaume Gros

Revue Autrement, n° 22, novembre 1979. Dans le cadre d’un dossier intitulé "Les 10-13 ans, âge invisible..." auquel collabore Philippe Ariès, Nathalie des Gayets, dans son introduction "Le miroir de nos contradictions" analyse la question de l’enfance et de la violence à l’aune des thèses de l’auteur de l’Enfant et la vie familiale.

 Alors que l’on a jamais autant parlé d’enfants dans la presse magazine et dans la sociologie, Nathalie des Gayet constate que paradoxalement l’on se détourne de la réalité que vivent ces mêmes enfants. Si bien qu’elle adopte le questionnement de Philippe Ariès : "Autrefois, à la ville comme à la campagne, les enfants étaient mêlés très étroitement aux journées de travail ou aux veillées de réjouissances de leurs aînés (Cf. Philippe Ariès) et quelque fois mêmes aux combats, aux jacqueries paysannes, aux barricades."

 A l’inverse, aujourd’hui, l’auteur de l’introduction constate que les enfants ont été écartés d’espaces qui leur étaient jadis réservés dans la ville. Et reprenant quasi mot pour mot, les conclusions de P. Ariès, elle écrit :
"Les enfants gênent, dérangent, font même peur parfois, parce qu’on n’en a sans doute plus l’habitude. Voici le résultat d’un long processus d’enfermement de l’enfance." (p. 8)


 Au diapason de tout un courant dirigé contre les institutions et la famille dans la foulée de 68, Nathalie des Gayets élargit son propos en situant la mise à l’écart des enfants dans un contexte plus large : "Cette exclusion de la différence représentée par les enfants au profit d’une image idéalisée et uniforme de l’enfance trouve un écho très révélateur dans l’orientation prise par diverses institutions et organismes spécialisés qui témoignent par leur stratégie, des valeurs sur lesquelles s’appuiera la société de demain (le fichage suivant une grille de sélection rigouseuse des systèmes Gamin et Audass pavés de bonnes intentions, ou le Droit des mineurs qui leur garantit si peu de droits)". Un an plus tôt, cette revue avait consacré un dossier sur les solutions alternatives à l’école (voir ci-contre) jugée trop institutionnelle et rigide.